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Titre du blog : les bilous !
Auteur : Bilous
Date de création : 08-11-2007
 
posté le 29-11-2015 à 19:58:10

Respire...

Je vous partage la nouvelle que j'ai envoyée à Edilivre dans le cadre du concours "48h pour écrire", thème : L'espoir.

 

Respire. 

Avant d'entrer dans la chambre, je pris une grande inspiration, essayant d'aller puiser au fond de mon cœur, le courage nécessaire pour pousser cette si lourde porte. Mes mains tremblaient. Tout mon être avait envie de hurler. Dans mes veines, je sentais le sang couler, trop vite, beaucoup trop vite, martelant mon cerveau.

Respire.

Respire.

Je me souvins de ce petit garçon, plein de vie, jouant, criant, courant. Il était désormais enfermé dans cette sombre chambre. Perdu dans ce lit beaucoup trop grand. Branché sur tellement de machines. Trop de blouses blanches gravitaient autour de son petit corps inerte.

Je me souvins de la voiture, arrivant si rapidement et le crissement des roues sur l'asphalte encore un peu frais du matin.

Je me souvins le bruit du choc, le craquement de ses os, le sourd silence de sa chute sur le sol.

Respire.

Respire.

 

J'entrai dans l'enfer. La porte me semblait peser si lourd, trop lourd, telle une immense montagne trop haute à gravir. L'air me manqua, j'eus envie de tout quitter, de partir loin, de fuir.

- Aidez-moi quelqu'un !!!

Respire.

Respire.

 

Je le regardais sans oser m'approcher. Il était si fragile, si petit, si innocent. Trop de fils autour de lui. Je ne comprenais rien. Un médecin me donnait des consignes, me disait des choses, mais je n'entendais pas. Ses paroles glissaient sur mon désarroi et se perdaient dans le flot de mes larmes. Je ne voyais que cet enfant... La vie avait perdu son sens. Le temps était suspendu dans une brume si terrifiante.

Respire.

Respire.

 

Derrière son masque, une femme posa sur moi un regard empli de compassion et d'amour. Je sentis alors une vague de chaleur me soulever de terre. Ce fut ce qui me permit de trouver le cran de mettre un pied devant l'autre, et d'avancer vers lui. Pas à pas.

Respire.

Respire.

 

Il me fallu lutter vaillamment pour ne pas me retourner, tirer cette fichue porte et me sauver le plus vite possible de toute cette tristesse.

Respire...

 

Je posais ma main sur son front, caressant tendrement son visage si doux, mes yeux noyés de frayeur, guettant un mouvement de ce petit être immobile.

Respire...

 

Je lui parlais, doucement. Le médecin avait dit qu'il entendait sûrement, qu'on ne savait pas, que ça allait dépendre. Que...

Respire...

 

C'est alors, que contre toute attente, tandis que je m'enfonçais dans les ténèbres d'une mort certaine...

Il ouvrit ses yeux.

Pétillants.

Ils étaient si brillants.

Respire...

 

Dans ce regard venu du fond de son être, j'aperçu... la vie !

Il était vivant !

Il était bel et bien vivant !

Je me fichais bien de ce que pouvaient dire les docteurs maintenant, je l'avais vu ! Son étincelle ! Sa force ! Sa vie !

 

Ses paupières se refermèrent trop vite. Ses petits doigts vinrent se blottir dans le creux de ma main. Je ne bougeais plus. Comme pour arrêter le temps. Je n'osais plus faire un seul mouvement.

Ne respire plus maintenant....

Ne respire plus.

 

En un seul regard, furtif, mais bien réel, cet enfant venait de rallumer une lumière immense dans mon cœur, une chaleur, un bonheur fragile, un... une...

 

L'espoir ! Il m'avait donné l'espoir ! En un seul regard !

Respire.

Et ose croire en demain. 

 moi pis mon orignal...


et oui... je courais avec Champion, il a vu un chat et a fait un écart, ma cheville a tordu sous mon poids et j'ai roulé dans mon élan sur le sol.

verdict : quelques problèmes avec un chiro malhonnête, un petit séjour à la clinique de soins urgents... entorse et repos ! ayoye !
Mais dans l'histoire : J'ai gagné un médecin de famille ! 
Et oui ! contre toute attente après 8 ans, un médecin a accepté de me prendre dans sa liste de patients ! youpi ! youpi ! 
il y a toujours quelque chose de positif dans une galère !

 faut bien que je me défoule... Je ne peux plus courir ni marcher mais je peux frapper !

 Nous avons fait le sapin !

et décoré la maison ! 

 histoire de chiens...

 

aujourd'hui j'ai décidé de sortir un peu de nouveau avec Champion, je marche comme une vieille, mais je marche ! 

 

 Voici un petit texte écris dans la salle d'attente du médecin...

Observe.

 Assise dans la salle d'attente, enfouie dans mon gros chandail de laine doux, j'observe. Il y a toute sorte de gens ici. Certains semblent inquiets, d'autres insouciants se promènent et jouent avec leurs enfants. Il y en a qui portent un masque alors les sièges autour d'eux restent vides malgré le nombre grandissant de personnes qui se présentent au comptoir.

J'observe.

Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. Observer et attendre.


Je me suis installée au bord de la fenêtre, près du radiateur, comme un mauvais élève dans une salle de cours ennuyante. Je peux ainsi admirer les petits flocons qui virevoltent au vent, prémices d'un long hiver qui s'installe. Je suis à mon poste et j'observe tout le monde.


De temps en temps, la petite sonnerie fait lever un patient, il se dirige alors vers son diagnostique. La plupart se précipitent, comme si leur vie en dépendait. D'autres marchent tranquillement, le pas léger, satisfaits de voir enfin cette attente s'arrêter.


Il y a ce monsieur en face de moi, collé contre sa conjointe, les yeux d'un bleu étincelant, flottants dans la brume. Son visage est recouvert d'un masque et quand il tousse, tout son corps se contracte, ses traits se durcissent et sa main serre un peu plus fort celle de sa voisine. Ils ont une cinquantaine d'années tous les deux, peut-être un peu moins. Ont-ils des enfants ? Un travail ? Il grelotte. Ça ressemble à la grippe, mais je m'amuse à imaginer d'autres maladies. L'enquête va commencer bientôt avec le docteur, ils seront vite fixés.


Nous sommes tous là pour ça, nous attendons pour savoir.


Il y a ce jeune père qui tient sa petite fille contre son cœur. Il porte encore son manteau, sa tuque et ses mitaines alors qu'il est arrivé avant moi. Endormie, la fillette ne se doute pas que son papa, le regard dans le vague, évite tout mouvement afin de la laisser reprendre des forces paisiblement.


Il y a cet homme acoté contre le mur, les cheveux tout ébouriffés, il baille sans arrêt et ressemble à un petit animal perdu. Quand on vient ici, on ne prend pas le temps d'aller à  la douche, de se coiffer ou de se raser... Nous sommes malades alors nous pouvons rester "mollement" vêtus.


D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, dès que nous entrons dans une salle d'attente de médecin, nous nous sentons malades. Je me sens fatiguée et vidée alors que je suis en pleine forme ! Mon pied me fait mal. C'est tout. Mais on ne sait jamais : le médecin va peut-être me trouver quelque chose ! Ils sont forts pour découvrir des maladies qu'on ne voulait pas avoir.


Il y a ce vieux monsieur, avec sa canne qui est coincée dans la chaise, il se débat pour la libérer sous le regard éberlué d'un garçonnet. Quand il arrive enfin à se dégager, il se lève péniblement, ses pantalons beaucoup trop grands ne fermant plus sur son ventre beaucoup trop gros, glissent vers ses genoux. D'un geste rapide l'homme les attrape au vol, nous évitant ainsi de voir ses dessous crasseux. Chaque pas pesant lui arrache un souffle rauque, mais, contre toute attente, il avance doucement, un pas après l'autre, vers le bureau du médecin.


Il y a cette femme, seule, qui semble si triste. Quelle âge peut-elle avoir ? Parfois elle essuie quelques larmes, le visage vide et pâle... Que s'est-il passé ? Pourquoi est-elle là ? Quelle nouvelle ?


Certains lisent un livre, d'autre pitonnent sur leur tablette. Les enfants jouent, rient et parlent. Les adultes restent muets.